La grande discution [Pv Mae Langdon]

Une fois hors de vue de tous, Remus avait prit la main de Mae dans la sienne et l'avait serré doucement. Ils marchèrent un bon moment, puis finirent par s'arrêter devant un long mur de pierre lisse. Il ne semblait rien y avoir de palpitant, ou d'interdit, surtout...Remus se retourna vers Mae et lui décocha un clin d'oeil encore plus coquin que tout ce qu'il ait jamais fait, puis se dirigea vers le mur.

-Attends moi quelques instants...

Il commença à longer le mur d'un pas lent, laissant courir sa main gauche dessus, les yeux fermés. Mae ne pouvait pas le voir, mais Remus pensait de toutes ses forces à ce qu'il désirait le plus. Un endroit pour lui et sa consoeur de Gryffondor, un endroit où ils seraient en paix pendant des heures pour discuter. Puis, l'innatendu se produisit: la main de Lupin rencontra une lourde poignée de bronze antique. Un sourire malicieux ourla les lèvres du jeune homme et il fit signe à sa compagne d'approcher tout en ouvrant la porte.

-Si milady veut bien se donner la peine d'entrer...

Ce que Mae put voir lorsqu'elle entra, c'était un magnifique salon d'inspiration boudoir, avec pleins de petits poufs et des tables basses garnies de bouquins et de plateaux de petits gâteaux qui avaient l'air très appétissants. Au fond complètement de la salle se dressait un grand lit à baldaquin avec de lours rideaux en brocart bordeaux. Les murs étaient garnis de portraits de sorciers célèbres de la Renaissance, qui les saluèrent lorsqu'ils entrèrent. L'éclairage était tamisé, des dizaines de chandelles odorantes répendaient un parfum très discret et agréable dans la pièce.

-Waouh...j'y suis allée fort cette fois...Eh bien *il se racla la gorge et prit un ton solennel* Mademoiselle Langdon, mon humble personne vous souhaite la bienvenue dans ce que l'on appelle la Salle sur Demande. Strictement défendu aux élèves, bien entendu. Puisqu'elle fournit à tout un chacun ce qu'il désir le plus au monde!

Mae frissonna doucement au contact de la main de Remus dans la sienne. Elle regarda rapidement tout autour d’elle et constata qu’il y avait moins d’élèves autour d’eux. Remus avait comprit qu’elle ne souhaitait pas alerter toute l’école; c’était très apprécié. Elle le suivit dans divers couloirs. Elle s’y reconnaissait, mais se demandait tout de même pourquoi il l’amenait dans cette direction. Il n’y avait rien de palpitant par là... Soudainement, ils s’arrêtèrent dans un couloir vide. Puis, Remus commença à passer de long en large du couloir. Mae ne voyait pas le mur qu’il longeait et se demandait bien ce qu’il faisait là. Finalement, il se tourna vers elle et, avec un sourire qu’elle n’avait jamais vu sur les lèvres du Maraudeur, il lui fit signe d’approcher, ce qu’elle fit immédiatement.

Ce qu’elle vit lui coupa presque le souffle. La pièce était tout simplement magnifique. Comment une telle pièce pouvait se trouver dans Poudlard ? Remus lui apporta une vague réponse sans qu’elle ne pose la question. Tout ceci était bien intéressant... Elle devrait en savoir plus sur cette fameuse salle sur demande un peu plus tard ! Pour l’instant, elle se contenta d’avancer dans la grande pièce en scrutant les alentours. Arrivée au centre de la pièce, elle s’arrêta net et se tourna vers Remus, le regard éclatant, l’air émerveillé. Elle avait un peu l’air d’une gamine qui vient de voir pour la première fois des dauphins.

- C’est magnifique... Ça va peut-être te sembler étrange que je pense à ce genre de choses, je n’ai pas l’air de ça... Mais c’est dans ce genre là que j’aimerais que ma maison soit plus tard.... C’est vraiment magnifique...

Et oui, Mae pensait effectivement à son avenir... Mais seulement parfois, rarement. Peur de l’avenir, oui, c’était ça.

Elle se tourna à nouveau vers Remus et le regarda tristement. Elle avait été horrible ces derniers jours...

- Je suis horrible... Tu devrais me lancer un mauvais sort...

Il la regarda s'extasier avec un sourire, tout en fermant la porte, voilant l'entrée de la salle à quiconque passerait par là. Il alla s'asseoir sur un pouf tout en écoutant Mae lui parler. Ce qu'il entendit lui fit plaisir. Et ne le rebuta pas, comme la plupart des autres de son âge.

-Content que tu apprécies mes talents de décorateur. Tout ce qui est ici sort directement de ma tête. C'est parce que je l'ai imaginé que c'est ainsi. C'est la la magie la plus subtile de la salle sur demande...

Il laissa la phrase en suspens, ayant vu la tristesse prendre possession des traits de sa douce. Il adopta une position un peu plus rigide, un peu moins inconfortable, sur le pouf. Ce qu'il entendit l'attrista aussi, mais il demeura à sa place. Il se doutait bien que Mae n'aimait pas les gars du genre trop collants, qui essaient de faire leur héros sans peur.

-Tu sais très bien que je ne te jetterai jamais de sort simplement pour m'amuser...Même si tu as été horrible, je le consens. Mais j'ai ma part de tort aussi...je te tiens dans un mystère bouetteux depuis le début...Tu dois m'en vouloir horriblement...

Il se laissa enfin complètement choir sur le pouf en soupirant, les yeux rivés au plafond.

Mae fut un peu en colère lorsque Remus lui dit qu’elle avait effectivement été horrible, mais la jeune femme tenta de contrôler son humeur, ne voulant pas aggraver ce qui avait déjà mal commencé. Elle prit une profonde inspiration et contempla encore un peu la décoration pour faire passer la rage momentanée. Elle savait qu’elle avait un sale caractère, elle n’en avait jamais fait de cas. Si les gens ne l’aiment pas comme elle est, qu’ils aillent voir ailleurs ! Mais, elle ne voulait pas que Remus aille voir ailleurs...

La jeune femme s’approcha finalement de Remus, tout doucement. La boule de rage était passée, ce n’était pas si pire que ça. Ça ne demandait qu’un petit combat intérieur. Mae fit un petit sourire à Remus et s’assit à ses côtés. Elle déposa sa tête sur ses jambes et attendit. Elle ne savait pas trop quoi dire. Pourquoi voulait-elle être seule avec Remus ? Pour être avec lui, point. Mais, elle savait bien qu’ils auraient besoin d’une conversation, c’était inévitable. Elle ne dit cependant rien, fixant le vide en pensant.

[HJ : J'ai un truc à te conter T.T]

Remus caressa doucement les cheveux de Mae, en la regardant tendrement. Elle avait l’air si fragile ainsi! Et pourtant, elle aurait pu faire fuir un bataillon des meilleurs sorciers rien qu’avec son célèbre regard enragé! Cette pensée le fit sourire et il laissa même échapper un petit rire. Mais il savait que bientôt, tous deux reprendraient leur sérieux, et la discussion que Lupin redoutait allait enfin arriver. Mais c’était un pas qu’ils devraient franchir ensemble s’ils voulaient pouvoir aboutir à quelque chose. Et ça, c’était en supposant que la jeune femme veuille aboutir à quelque part! Remus savait très bien que son cœur ne pardonnerait pas à Mae une autre incartade du genre de celle qui s’était passée dans le parc avec son ami Patmol, mais en même temps…pouvait-il vraiment apporter à Mae tout ce qu’elle lui demanderait pour être heureuse? Accepterait-elle simplement le lourd secret que le jeune homme portait depuis 16 longues années?

Tant de questions se bousculaient dans la tête du Préfet, et il décida de les chasser. Si quelqu’un amorcerait la discussion, ce serait Mae. C’est elle qui allait avoir des questions envers lui. C’est Remus qui cachait quelque chose à Mae. Non le contraire.

-Désolé pour le coup du caractère...ce n'est pas la première fois que je te le remets sous le nez...et c'est dur pour tous de se faire montrer ses défauts...Pardonne-moi de mon manque de tact typiquement masculin, Mae...

Il aimait prononcer son nom. Il aimait caresser ses longs cheveux, aussi doux que de la soie. Il se plaisait à emplir ses narines de son doux parfum. Accro, vous avec dit?

Mae ferma les yeux, savourant la main de Remus dans ses cheveux. De petits frissons de plaisir lui parcourraient l’échine. Qui aurait cru que Mae Langdon se laisserait un jour toucher par Remus Lupin, le Maraudeur, celui qui traîne toujours avec Sirius Black et James Potter ? Mae était bien la dernière a avoir pensé cela possible ! Elle releva la tête vers le préfet et le contempla. Dieu qu’il était séduisant ! Il ne semblait pas s’en rendre compte, mais ces yeux mordorés, ces douces lèvres, cette mèche de cheveux claire qui lui tombait dans le visage, tous ces petits détails attendrissaient Mae au plus haut point.

Lorsque Remus s’excusa, cependant, Mae perdit ce petit air rêveur qu’elle avait eu un peu plus tôt en l’observant. Elle se décolla rapidement de lui et se leva, le foudroyant du regard. Un défaut ?? Il lui disait carrément que son caractère était un défaut ?!

- Tu peux me dire, Remus John Lupin, ce que tu cherches en me disant que tu tiens à moi si tu trouves que mon caractère est carrément un défaut ?! Je ne t’ai pas demandé ton opinion, tu peux bien en faire ce que tu veux ! Mon caractère va de paire avec moi !

Comment pouvait-il être aussi charmant deux secondes au paravant, puis, être aussi imbécile par la suite ?! Cela enrageait Mae au plus haut point ! Tellement… tellement… que la jeune femme ne pu retenir un petit grognement de mécontentement… avant de s’asseoir à cheval sur le garçon, de le prendre par le collet et de l’embrasser passionnément.

Mais non, Mae n’était pas impulsive du tout…

Mae prolongea le baiser sans vraiment penser à autre chose. Il fallait avouer que pour avoir eu une telle réaction, elle ne devait pas penser à grand-chose… Au bout de quelques secondes, elle mit un terme au baiser et s’éloigna de quelques centimètres, restant tout de même près de Remus. Elle le regarda avec un regard blessé. Elle savait que ça serait difficile, mais elle devait arrêter de toujours transformer toutes ses émotions en rage avec Remus. Elle lui manifesta donc la tristesse qu’elle avait ressentit aux paroles du préfet. Si son caractère était un défaut pour lui, elle pouvait tout aussi bien renoncer à Remus.

*Je lui dis qu’il m’a blessé ? Non… ce serait faible. Personne n’aime les gens faibles. Je n’aurais plus aucune défense de toute façon. Et Dieu sait que je vais en avoir besoin. Les hommes, on ne sait jamais quand ils peuvent nous laisser dans un coin comme un tas de chiffon ! Remus ne doit pas faire exception… mais… Non !*

Mae se bagarrait avec sa conscience et ce n’était pas très amusant. Elle eu une expression confuse, puis se redressa. Elle était encore sur Remus, mais plus loin que lui et observait les étagères de livre les entourant en se posant milles et unes questions. Elle reposa son attention sur le jeune homme et entoura son cou de ses bras.

- Je ne veux pas me casser la tête sans arrêt…

Mais la jeune femme savait bien que c’était impossible. La situation de Remus ne semblait pas de tout repos, sinon, il lui aurait fait part des faits bien plus tôt… Il ne l’avait même pas encore mise au courant de ce qui se passait dans sa vie de si horrible… La jeune femme n’avait que des suppositions en tête et ses suppositions lui faisaient peur.

Elle soupira en plongeant son regard dans celui de Remus. L’océan contre le miel. Mae espérait que Remus ne prendrait pas ce dernier commentaire mal.

*Se casser la tête? Mais de quoi elle parle?*

Remus fut surpris une fois de plus, par la tristesse qu’il parvenait à lire dans les yeux de Mae. Cela ne lui ressemblait pas du tout de montrer ses émotions de la sorte, surtout pas à un homme! Son commentaire de tout à l’heure l’aurait-il atteinte à ce point qu’elle veuille lui montrer qu’elle pouvait ne pas changer ses émotions en colère? Lupin comprit qu’il l’avait blessée…en fait, n’importe quelle tête de turc n’aurait absolument rien tiré de tout cela. Mais le Préfet commençait quand même à connaître sa consoeur. Et surtout, il l’aimait.

Lentement, Remus leva sa main et la posa sur la joue de Mae. Il la caressa doucement, sans rien dire, mais la regardait d’un air qui se voulait rassurant et apaisant.

-Tu sais…je t’ai dit que je manquais de tact. Et parfois, mes paroles se déforment parce que je deviens trop nerveux pour tout aligner parfaitement dans ma tête avant d’ouvrir la bouche. Et là je fais le con et je dis des trucs qui dépassent de loin ma pensée…

Elle avait la peau si douce...ses yeux…Remus se sentait presque indigne d’avoir de tels yeux posés sur lui, de tenir une femme aussi merveilleuse qu’elle dans ses bras. Lui, le monstre, le bâtard, celui qu’on a toujours tenu à l’écart. Mais il sentait que l’abcès devrait être crevé ce soir. Ça passe…ou ça casse.

-Je préfère aborder le sujet maintenant, dans un moment où on est tout les deux sérieux et maîtres de nous-mêmes…sans arrière-pensée, bien évidemment.

Il prit une grande inspiration –ce qui lui parut durer une éternité- et continua :

-Pourquoi tu faisais une recherche sur les loups-ga…les créatures surnaturelles? Ce n’était pas dans un contexte scolaire…

Comme il la tenait encore, Remus lui imposa un peu sa force pour la coller contre lui. Il déposa sa tête au creux de son épaule et attendit, yeux fermés. Il avait horriblement peur de la réponse, et de la réaction.

Mae hocha doucement la tête lorsque Remus lui exposa son manque de tact. Elle ne pouvait pas dire le contraire, il manquait réellement de tact… Ce n’était pas pratique avec son caractère volcanique à elle par contre… Ils devraient apprendre à faire avec. Mais que pensait-elle ? Elle commençait à penser comme si elle se disait qu’ils allaient vivre quelque chose de sérieux ! La jeune femme savait bien que c’était sérieux… elle ne voulait tout simplement pas se l’avouer.

Elle chassa ces pensées de sa tête et mit sa main sur celle de Remus, qui était maintenant sur sa joue. La main de la jeune femme était froide et celle de son confrère de Gryffondor lui procurait une chaleur réconfortante. Les paroles qu’il prononça après ne réconfortèrent cependant pas Mae. Les créatures magiques ? Oui, c’était l’une de ses suppositions. Cependant, Mae en était venue à la conclusion que c’était bien trop farfelu pour être vrai.

- Oui… hem… j’ai cru pendant un instant que… Ne m’en veut pas d’avoir pensé ça, mais j’ai cru que tu aurais pu être un loup-garou…

La jeune femme eu un petit rire nerveux. Elle espérait que Remus ne lui en veuille pas. Elle savait que les loups-garous étaient des êtres habituellement très agressifs… ce n’était pas le cas de Remus, bien sûr que non.

Elle serra le jeune homme contre elle et lui caressa doucement les cheveux. Elle baissa lentement la tête et lui déposa un petit baiser sur la tête. Non, il ne pouvait pas être un loup-garou ; il était si calme, si tendre, un enfant.

Remus se figea dans les bras de Mae, complètement abasourdi. Il avait laissé autant d’indices que cela? Il lui en aurait glissé un mot par inadvertance? Qu’est-ce qui avait bien pu produire le déclic dans son cerveau? Les yeux écarquillés par la surprise, il ne remarqua même pas que Mae le serrait à présent contre elle et venait de lui donner un baiser sur la tête. Elle lui caressait les cheveux, même.

-Un…loup…garou…

Il écarta doucement la jeune femme, mais ne la repoussa pas assez pour la faire débarquer de sur ses genoux. Il la tint ainsi pendant quelques instants, le regard grave. Il n’avait pas prévu qu’elle le devine ainsi. Pire, qu’elle fasse des recherches sur le sujet. Il avait consulté les livres de l’école, et ce que l’on disait sur les loups-garous n’était que le côté sombre de la médaille.

-Je…je ne sais pas vraiment quoi répondre à cela…

Il semblait bouleversé, troublé, épuisé. On aurait dit que le fardeau sur ses épaules venait de s’alourdir de dix kilos. Ses yeux perdirent un peu d’éclat.

-Je…je ne t’en veux pas…

Ses mains, ses bras, ses épaules se mirent à trembler. Le corps tout entier de Remus s’était mis à tressaillir au moindre courant, au moindre contact, au moindre effleurement. Rapidement, presque brutalement, il ramena la jeune fille contre lui et enfouit son visage dans son cou, en la serrant tout contre lui.

-Je…je…je ne…

*C’est fini, Remus…*

-…veux pas…te…

*Personne ne veut d’un monstre…Personne n’a besoin de toi*

-…perdre!!

Mae fut confuse pendant un long moment. Elle ne savait pas trop comment réagir. La réaction de Remus était très étrange et elle avait l’impression que finalement, elle avait touché juste. Comment cela se pouvait-il ? Non… Remus ne pouvait pas être un… l’une de ces créatures friandes de sang… Ces créatures qui rôdent les nuits de pleine lune et mordent les enfants pour les recruter dans leurs rangs… Ce n’était pas possible, tout simplement pas possible !

Cependant, la jeune femme ne laissa pas ces émotions transparaître. Elle enlaça Remus et le serra contre elle en murmurant :

- Là… là… ce n’est rien…

Elle enfouit son visage dans les cheveux du Maraudeur en lui chuchotant des paroles réconfortantes à l’oreille.

- Pourquoi me perdrais-tu ? Ça n’a pas de sens, voyons… Calme-toi, ce n’est rien, ce n’est rien…

Elle ne voulait pas penser à ce qu’elle venait d’apprendre. Et par-dessus tout, elle voulait l’entendre. Elle voulait qu’il le lui dise explicitement ; elle avait besoin de l’entendre.

- Tu peux m’en parler… Dis-le moi, Remus.

Elle lui déposa à nouveau un petit baiser sur la tête.

Elle le réconfortait…elle lui disait que ce n’était rien…elle avait vraiment compris ce que Remus avait tenté d’insinuer? Si oui…c’était très différent de la réaction à laquelle il s’attendait, et il en fut agréablement surpris. Mais la tristesse demeurait. Il se sentait horrible, indigne, complètement insignifiant…Il se laissait bercer et consoler sans dire un mot, réfléchissant. Il savait qu’elle voulait en entendre plus, qu’elle voulait tout comprendre…d’ailleurs elle venait de le lui demander expressément. Il inspira profondément, le visage toujours niché au creux de son cou. Il ramassait chaque petite parcelle de courage qui s’était éparpillée en lui au moment ou Mae avait posé son verdict, et la rassembla. Remus allait entamer l’histoire de Lunard, en omettant la création des Maraudeurs.

-Ça commence la journée de mon anniversaire. La journée de mes cinq ans. J’étais si fier! Maman me laissait enfin la permission de m’éloigner de la maison seul, pourvu que je lui dise où j’allais. Et ce jour-ci, puisqu’il faisait si beau, j’ai décidé d’aller me promener dans la forêt qui bordait notre maison. Mais j’ai été retenu à la maison par toute la famille, venue me visiter et m’offrir leurs souhaits. Mais cette promenade dans la forêt me tentait tellement que j’ai décidé d’y aller plus tard. Il faisait nuit. Il n’y avait que la lune…cette satanée pleine lune, qui éclairait mon chemin. Et moi, jeune et insouciant, je marchais.

Il reprit son souffle. Parler de tout cela était très dur. En fait, c’était la première fois qu’il en parlait dans les moindres détails. Sirius, James et Peter n’en savait que les grandes lignes. Mae aurait droit au récit complet.

-Cette nuit là, j’ai fait la connaissance de Fenrir Greyback…l’un des pires loups-garous du village où j’habitais. Mais j’ignorais complètement sa vraie nature. Il s’est jeté sur moi, m’a mordu jusqu’au sang sur le torse. Il m’a laissé là pour mort. Je ne crois pas qu’il ait eu l’intention de me manger. C’était autre chose. Et je l’ai appris plus tard.

Juste d’en parler ravivait l’ancienne douleur de la cicatrice qu’arborait Remus. Il sentait son épaule s’ankyloser.

-Je ne sais plus qui m’a retrouvé. Je me suis réveillé à Ste Mangouste. Ma mère pleurait et mon père faisait les cent pas. Un médecin était penché sur moi et me regardait d’un œil désapprobateur. Quand j’ai demandé ce qui se passait, personne ne m’a répondu. Puis, une fois revenu chez moi, mon père m’a tout raconté. J’avais été dans le coma depuis au moins une bonne semaine. Mais deux semaines auparavant, mon père avait eu une altercation plutôt violente avec quelqu’un, qui avait juré de se venger.

Remus ferma les yeux et pinça les lèvres. C’était probablement la partie la plus douloureuse de son récit. Se rappeler qu’il n’avait été qu’un instrument de vengeance maintenu en vie par compassion plus que par intérêt…

-Et cette personne, c’était Fenrir Greyback…

Ces derniers mots avaient été crachés, d’un ton amer et sec. Remus lui en voulait toujours. Et il en voulait à son père. Et à sa mère. En fait, chaque personne qui avait gravité autour de lui durant son enfance s’était attirée la haine du jeune homme.

-C’était il y a 11 ans de cela. 11 ans que je traîne avec moi une malédiction que je n’ai absolument rien fait pour avoir. 11 ans que je mène ma vie de façon solitaire, en ayant le moins de contacts possibles. 11 ans que j’ai peur de m’attacher. 11 ans d’une vie de monstre…

Il n’avait plus la volonté de continuer. Il baissa simplement la tête sans rien dire.

Mae écouta le récit de Remus sans l’interrompre. Elle savait qu’il avait besoin de tout raconter d’un trait, sinon ce ne serait que plus difficile par la suite. Elle ne pu cependant pas cacher les diverses émotions par lesquelles elle passait. Ce que Remus était en train de raconter ressemblait bien plus à un de ces contes pour enfants qui sont supposés leur donner la frousse. Ces contes qui ont une moral à la fin : « N’allez pas dans les bois seuls la nuit. Le gros méchant loup pourrait vous attraper ! ». La jeune femme se rappela des contes de son enfance. Celui-ci était un mélange du Petit Chaperon Rouge et du Petit Garçon qui criait au Loup, sans la fin heureuse. Mais cette histoire… cette histoire était réelle. C’était l’histoire de Remus. L’histoire de celui qu’elle aimait.

Mae ne pouvait accepter que ce soit réellement arrivé à Remus. Elle ne voulait pas le croire. Mais finalement, elle savait bien que ne pas vouloir croire la vérité ne servait à rien. Elle devait l’accepter. Accepter une telle vérité était horriblement difficile. Mais, pour qui était-ce plus dur ? Pour elle ou pour Remus ? La réponse était évidente. Elle serait cependant prête à partager cette souffrance avec lui, pour que son fardeau soit moins lourd à porter.

Mae ferma les yeux un moment. Elle devait se recentrer. On ne pouvait pas écouter une telle histoire sans être déboussolé par la suite. Et c’est ce qu’elle était, déboussolée. Lorsqu’elle les rouvrit, elle vit un Remus défait, démoli. Il avait la tête basse et ressemblait presque à une poupée de chiffon tant il semblait avoir perdu de l’énergie. La jeune femme caressa doucement les cheveux du Maraudeur, puis se leva. Elle ne voulait pas s’éloigner de lui, mais elle le faisait pour mieux se rapprocher et surtout parce que Remus ne semblait pas en état de tenir très longtemps sur le petit pouf.

Elle se plaça donc entre le grand lit à baldaquin et le pouf et sortit sa baguette. Doucement, elle effectua un petit mouvement de poignet et murmura :

- Wingardium Leviosa.

Remus se souleva doucement et reposa dans le lit tout aussi doucement. Mae était peut-être la pire élève de toute la classe de métamorphose, mais elle était aussi l’une des plus douée en Sortilèges et Enchantements. Il était difficile de déplacer un corps humain, surtout un homme, mais la jeune femme n’avait pas eu le moindre mal à effectuer le sortilège.

Lentement, elle se déplaça jusqu’au lit et monta dessus. Elle s’étendit aux côtés de Remus et l’attira contre elle. Elle le serra dans ses bras et lui caressa doucement les cheveux.

- Je veux la voir…

Mae voulait voir la cicatrice de Remus. Ce n’était pas qu’elle ne lui faisait pas confiance. Remus n’aurait jamais été capable de lui inventer une telle histoire, ce n’était pas un menteur. Mais, il lui restait encore une petite chance de ne pas le croire et la jeune femme ne voulait pas espérer. Elle devait voir cette cicatrice.

Il se sentit soulevé, flotter dans les airs comme une plume, puis retomber doucement sur une surface moelleuse et accueillante. Et pourtant, aucune réaction n’était passée sur le visage de Remus. Juste la plus plate consternation. Il sentit Mae s’étendre à ses côtés et le prendre dans ses bras. Il entendit la demande. Et pourtant, il ne semblait pas réagir. Comme si raconter cette histoire avait endormi les sens de Remus. Pourtant, le jeune homme se décolla lentement de sa douce, et se laissa tomber hors du lit à baldaquin. Une fois sur ses pieds, il se défit de sa robe de sorcier. Se rendant alors compte qu’il était dos à la jeune femme, il se retourna, en chemise-pantalon-cravate. Il porta lourdement la main à sa cravate, mais celle-ci retomba presque instantanément. Il n’en avait pas la force. Encore moins le courage.

[Hj: à la demande expresse de mademoiselle, un petit role play XD]

Mae cru d’abord que Remus n’allait pas réagir. Il semblait vidé de toute énergie. Il se leva cependant et retira sa robe de sorcier. Mae se redressa sur les coudes et le regarda intensément. Il se retourna vers elle et fit un mouvement pour détacher sa cravate, mais ne sembla pas en trouver la force. Elle s’approcha donc du bord du lit et attira Remus à elle. Elle le fit tomber sur le lit et défit lentement le nœud de sa cravate.

- Ça ne te fait rien si je m’en occupe ?

La jeune femme regarda Remus et lui fit un petit sourire timide. Oui, Mae sentait un peu de gêne pour l’une des première fois de sa vie. Elle lui retira doucement sa cravate et déposa un petit baiser sur les lèvres du Maraudeur. Mae déboutonna doucement la chemise du jeune homme et la retira tout aussi doucement. Elle posa ses yeux sur le torse de Remus et là… Elle était là.

Tremblante, Mae posa sa main sur la cicatrice de Remus et la caressa doucement. Puis, elle laissa échapper un petit rire nerveux.

C’était donc vrai.

Elle n’en avait pas douté.

Mais c’était vrai.

Mae avait l’impression que tout cela n’était qu’un mauvais rêve. Elle allait s’éveiller... Non. C’était la réalité, elle devait l’accepter. Elle ne croyait pas que Remus, un garçon aussi charmant, aie pu traîner une telle malédiction pendant onze ans. C’était horrible, il n’était qu’un bambin !

Lentement, la jeune femme s’étendit à côté de Remus. Elle se colla contre celui qu’elle aime et le prit tendrement dans ses bras.

- Ne t’inquiète pas... je suis là et je resterai là...

Oui, elle resterait là aussi longtemps qu’il en aurait besoin.

- De quoi avais-tu peur, exactement, en m’en parlant ?

La jeune femme savait qu’il avait toutes les raisons du monde d’avoir eu peur, mais en sachant exactement ces raisons, elle pourrait mieux les démentir.

À la première occasion qu'il eut, Remus se blottit tout contre Mae, fermant les yeux. Il sentait un flot d'émotions monter en lui, et ce n'était généralement pas bon signe. Ça lui était déjà arrivé une fois, et il ferait tout en son possible pour que ça n'arrive plus. Mais plus il y pensait, plus le flot prenait de la vitesse. À un point tel que le jeune homme finit par avoir une série de haut-le-corps vaillament retenus, puis il se décolla brusquement de la jeune femme et se jeta hors du lit en roulant. Il tomba lourdement sur le sol et effectua une roulade jusqu'aux poufs.

*Non...elle ne doit pas...voir ça*

Il avait peur que ce soit trop pour elle. Voir à quel point il n'était pas maître de ses émotions. Il se forçait à rester lucide en pensant à son doux visage et à son sourire, mais ce fut de courte durée. Lentement, Remus sombrait. Déjà, la pupille de ses yeux se fendaient et ses canines devenaient plus proéminentes. Il se savait incapable de se transformer sans pleine lune pour l'aider. Mais des semi-transformations comme ça l'effrayait encore plus. Il se prit la tête à deux mains, qui commencaient d'ailleurs à etre griffues.

-Mae...ne...ne...t'approche...surtout pas!

Il fut pris de convulsions et se mordit les lèvres pour ne pas hurler de douleur. La cicatrice sur son torse semblait bouillir, et toutes les autres sur son corps s'ouvraient lentement, sans saigner.

[Hj: Et hop, un peu de piment dans la conversation pour saluer mon retour =D]